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La bibliothèque d'Anne

La bibliothèque d'Anne
13 juin 2013

La Révolution Française de Louis-Henri de La Rochefoucauld (Editions L'Infini, Gallimard)

Mon quartier d'Ixelles, où j'ai élu domicile depuis quelques mois, possède la particularité d'avoir plusieurs librairies de qualité à quelques mètres les unes des autres. Pauvre de moi... ma bibliothèque est déjà pleine...

Comme dans beaucoup d'endroits à Bruxelles, les gens sont gentils et accueillants, même s'ils conduisent comme des pieds... mais je m'égare... Un jeudi soir, par hasard, mon petit libraire de la place Brugmann m'a conseillé La Révolution Française. En passant, la fleuriste m'a dit l'avoir lu et n'avoir pas vraiment aimé mais peut-être, m'a-t-elle dit, était-ce par manque de connaissance sur l'histoire de France. Intriguée par ces deux conseils quelque peu contradictoires, je me suis plongée dedans, très vite. Au bout de quelques petits chapitres, après avoir beaucoup souri, je me suis quand même demandé d'où sortait ce Louis-Henri et quel était la finalité de son propos...

 

La première partie s'est déroulée devant mes yeux, sarcastique, anti-républicaine mais très drôle. Son écriture d'un autre temps nous entraîne ailleurs, dans un livre de généalogie peu scolaire, où les anecdotes et les attaques en règles fusent. Ce livre est étonnant, il est un peu comme l'auteur, qu'on sent entre deux camps, entre deux temps, entre deux chaises. Il vous entraîne vers une deuxième partie beaucoup plus grave mais toujours aussi drôle.

 

Je conseille ce livre aux nostalgiques de la monarchie et aux pourfendeurs d'aristocrates.

Comme toujours, je vous souhaite une bonne lecture !

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2 septembre 2012

La page blanche de Boulet et Pénélope Bagieu (éditions Delcourt / Mirages)

 

La page blanche, c’est l’angoisse, l’angoisse de ne pas y arriver, de ne rien trouver à dire, de sécher, c’est l’angoisse de disparaître, de ne rien avoir à dire, d’être mort. C’est l’angoisse d’être invisible. Et en même temps, c’est aussi l’excitation du début,  de l’infini des possibilités, de l’exploration de la nouveauté, du TOUT EST POSSIBLE !

Eloïse, l’héroïne de cette histoire, était une fille sans histoire, vide, mais tellement pétrie de souvenirs et de préjugés qu’elle n’arrivait pas à être elle-même. Alors lorsqu’elle perd la mémoire, une vaste page blanche s’ouvre devant elle, où la vie lui offre une seconde chance de devenir elle-même.

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J’ai été touchée par cette jeune femme. On aimerait tous pouvoir avoir cette deuxième chance parfois, non ? A nous de nous la créer j’imagine… Boulet et Bagieu réussissent à décrire ces sentiments en un train, une couleur, une bulle, à faire passer les émotions de cette jeune fille qui nous ressemblent (en tout cas qui me ressemble un peu…).

Sur cette note philosophique, je vous souhaite une bonne lecture !

10 juillet 2012

naissance d'un pont de Maylis de Kerangal (éditions verticales)

Cela fait quelques temps que je me pose un grande question existentielle : dois-je écrire des critiques sur les livres qui ne m’ont pas enthousiasmés ? D’un côté, qui suis-je pour exposer mes critiques sur un écrivain (lui…) et publié en plus. Surtout quand l’écrivain en question a reçu des critiques dithyrambiques des plus grands experts et le prix Médicis… mais bon voilà, d’un autre côté, je suis une lectrice et je ne suis pas obligée d’adhérer à l’avis général, non ?

C’est ce qui m’est arrivé à la lecture de Naissance d’un pont. J’ai été déçue. Peut-être parce que le style de Maylis de Kerangal se rapproche de ce que j’aime et on n’est jamais aussi déçu que lorsqu’on attend quelque chose... Elle est aérée, directe. Elle est capable de m’emporter très loin dans son univers, mais un grain de sable vient s’intercaler, me redescendant sur terre instantanément : un mot sorti de nul part, en décalage avec la rudesse du sujet et des personnages, une emphase qui tombe à plat… et des personnages trop nombreux auxquels l’auteur m’empêche de m’attacher. Peut-être est-ce voulu, peut-être suis-je injuste… peut-être le relirais-je un jour en me disant : « Mais Anne, pourquoi ? »

Bref, faites votre propre opinion, postez là, je serais heureuse d’en débattre !

15 avril 2012

Les chroniques de San Francisco de Armistead Maupin (éditions 10/18)

Bon, on a compris, il fait froid, très froid… à Bruxelles en avril (et oui, il faut préciser). Donc, pour les gens du Nord et les autres aussi (!!), quoi de mieux qu’on bon livre avec un bol de thé fumant ? Surtout si le livre en question apporte du soleil et un vent de vacances ! Je le concède, les chroniques de San Francisco ne sont pas vraiment une nouveauté, mais elles sont réellement dans l’air du temps. Macrobiotique, retour à la nature, transcendance de soi, envie d’un monde moins artificiel. Elles sont savoureuses de situations burlesques, scabreuses parfois mais surtout très drôles.

Comme l’hiver va durer quelques semaines encore, Mary Anne, Mona et Michael vous redonneront le sourire pendant quatre opus. J’en suis au quatrième tome et à autant de théière !

Installez-vous confortablement dans un gros fauteuil, avec une couverture et regardez dehors : il neige (enfin presque…) !

1 février 2012

L’empereur du Portugal de Selma Lagerlöf (La biliothèque cosmopolite, éditions Stock - 1999)

A Noël, Axelle, ma belle-sœur, me savant lectrice, m’a offert un des livres qui l’a le plus marqué. C’est un très beau cadeau je trouve d’offrir un livre qui vous a tant plus. C’est une prise de risque aussi, c’est se dévoiler. C’est très personnel.  J’ai été tout de suite intriguée, attirée par ce petit livre rose. J’ai eu envie moi aussi de pouvoir ressentir ce qu’elle m’avait fait transparaître en peu de mots.

J’ai été moi aussi conquise par l’élégance de ce roman. Je l’ai dégusté comme on déguste un met simple et raffiné. On a envie de le dévorer, de n’en faire qu’une bouchée, mais il résiste au fast food. C’est une éloge de la justesse, la justesse du moment, des sentiments, de l’écriture, simple et où rien ne manque.

L’histoire est très belle. Banale et pourtant extraordinaire. L’histoire de l’amour indéfectible d’un père pour sa fille. Poétique et ravissant, éblouissant et simple. Une histoire comme j’aimerais en écrire.

Là encore, laissez-vous emporter dans votre canapé, dans le métro ou bien au chaud au fond de la couette par les hivers rudes de la Suède.

Merci Axelle pour ce joli moment !

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9 octobre 2011

Water music de T. C. Boyle (éditions Phébus - 1988)

Water music, la musique de l’eau, la musique du temps, l’eau qui berce, l’eau qui nourrit, l’eau qui libère, l’eau qui tue le temps, la vie, la mort, l’eau imperturbable, qui suit son court, inexorable, avec ou sans les hommes, loin, loin, toujours plus loin qui les charme, les emporte, les suspend, les noie.

Quand Constance m’a prêtée ce livre, il y a maintenant quelques mois, la couverture ne me revenait pas, je n’avais pas envie. Et puis, avant de quitter Bruxelles pour donner le jour à Louise, elle m’a pressée pour que je le lui rende. Alors j’ai lu la première page, et la deuxième. Et je n’ai pas arrêté. Les sept cents pages sont passés en un quart de seconde, mes trajets en métro étaient trop court, je lisais jusqu’à être à mon bureau.

L’eau m’a emportée moi aussi, j’ai été aussi charmée que Mungo et que Ned, entre Londres et le désert du Niger, entre la folie des hommes et la toute puissance de l’Afrique. L’écriture de Boyle est comme j’aime,  sauvage et bouillonnante, crue et libérée, quoique parfois un peu pompeuse. Elle est passionnée et entraînante. C’est ça que je cherche quand je lie, à être entraînée là où je ne serais jamais allée. Ici, c’est dans une aventure et j’ai aimé !

Comme à chaque fois, je termine en vous disant : lisez-le, amusez-vous et partez à la dérive !

3 septembre 2011

La mariée libérée d'Avraham B. Yehoshua (éditions Le Livre de Poche - 2003)

Il y a trois ans, je suis allée pour la première fois au salon du livre. J’attendais ça avec impatience ! Vous vous rendez compte ? Une des plus grandes librairies du monde ! Toutes ces histoires étalées, attendant juste d’être cueillies… un vrai Paradis ! C’était l’année de la littérature israélienne. Je ne connais absolument rien à la littérature israélienne… alors j’y suis allée à l’intuition, prête à me laisser tenter. Et là, au détour d’un stand, je tombe sur un gros pavé, La Mariée Libérée, avec en couverture la photo spectrale d’une jeune femme qui semble partir. Je suis partie avec en me disant pourquoi pas, allons à la découverte !

Je l’ai laissé pendant quelques mois, un peu rebutée par la grosseur du livre, et puis je me suis lancée. J’ai été littéralement happée. Il est plus question dans ce roman de la fragilité d’un vieil homme qui ne veut pas laisser son fils grandir. Ce vieil homme, je l’ai tout de suite aimé, il est comme un grand enfant qui ne se résigne pas à aller se coucher un beau soir d’été. Peut être que je serais comme lui quand je serais une vieille dame, pas trop sage, encore pleine de contradiction mais osant malgré tout faire ce qui me passe par la tête !

Le tout se déroule dans l’univers très particulier d’Israël, un pays qui vit une guerre qui ne dit pas son nom. Entre les beaux quartiers de Haïfa et la frontière avec la Palestine, Avraham Yehoshua m’a plongée dans la quête burlesque et profondément attendrissante de ce vieil homme qui voudrait que rien ne change.

Lisez le, savourez le, il n’y a rien à jeter, c’est délicieux !

3 septembre 2011

Et que le vaste monde poursuive sa course folle de Colum McCann (éditions Belfond - 2009)

New York dans les années 70. Beaucoup d'images s'entrechoquent et me propulsent dans un univers de folie et d’espoir. Je vois des hippies, des protestations contre la guerre du Vietnam, Woodstock, les débuts du R&B, les clubs de Jazz, la révolution des mœurs, la liberté qui souffle entre les hauts buildings de la grosse pomme...

Mais l’univers de Colum, il est brut et dur, comme l'asphalte du Bronx en plein été. Les gens sont vrais, loin des clichés de cette époque, ils sont désespérés, meurtris mais ils vivent, malgré tout. Ils sont avalés par la ville, qui s’élève, majestueuse et froide, qu’on vive à Manhattan ou dans le Bronx. Et au dessus de cette ville sans cœur, une lueur d'espoir marche entre les Twin Towers, magique et réelle à la fois.

Colum McCann a une plume incisive, il tranche les gens, il tranche les bons sentiments. Il ne vous fait pas de cadeau. En même temps, il vous transporte avec émotions et poésie. Ca n’adoucit pas mais ça donne de l’élan, du souffle.

Je ne vous en dis pas plus, c’est un roman que vous devez laisser vous envahir, même si vous ne savez pas où vous allez. Comme le funambule sur son fil, je n'ai pas pu m'arrêter…

2 septembre 2011

Le coeur régulier d'Olivier Adam (éditions de l'Olivier - 2010)

Entre Olivier et moi, c'est un peu une histoire d'amour (enfin, surtout pour moi...). La première fois qu'il est entré dans ma vie, je l'ai vu sur une plage, à Saint Malo, marchant le long du rivage tel un poète maudit... . Il avait dans le regard quelque chose d'indéfinissable, entre la tristesse, le désespoir et la résilience. Ça m'a interpellé. Alors j'ai lu "Falaises" et j'ai rapidement enchaîné avec "Je vais bien, ne t'en fais pas" puis "A l'abri de rien". 

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ces romans ne m'ont pas laissé indifférente. C'est de la poésie brute, sauvage, parfois dure. C'est comme une bourrasque en novembre à Saint Malo, on se prend une vague d'embruns dans la figure, ça vous fouette le visage, mais c'est bon... on se sent vivant.


Dans son nouveau roman, "Le coeur régulier", Olivier m'a entraînée au Japon, dans un univers emprunt de paradoxe, entre le calme zen et la cruauté de la vie. Je l'ai lu d'une traite, j'ai été emportée par les mots, les uns après les autres, ils m'ont enlacée, sans que je puisse me dégager de leur étreinte. C'est l'histoire de Sarah et de son frère chéri. C'est l'histoire de sa recherche effrénée de la vérité, celle de son frère et la sienne. Mais, quelque part, dans ce roman, l'histoire est accessoire. Ce n'est pas ça qui compte. Ce qui compte vraiment, ce sont les mots qui battent la cadence.

A la dernière page, j'ai respiré, j'ai regardé autour de moi, les visages étaient les mêmes, moi aussi, mais avec un petit quelque chose en plus... quelque chose de là bas, de cet univers à la Miyasaki, de cette magie du pays du Soleil Levant.


Je ne vous en dis pas plus, je vous laisse découvrir.


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